4 avril 2023

Les enjeux du Software Defined Vehicle 

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Le Software Defined Vehicle est devenu en quelques mois la nouvelle désignation des véhicules du futur. Le saut technologique permettant de passer de l’actuel véhicule connecté au prochain véhicule autonome sera notamment conditionné à la maitrise du logiciel et de son déploiement. 

Cette technologie, issue des objets connectés, permet de faire évoluer le véhicule comme jamais auparavant, tant au niveau de sa personnalisation que de ses performances (cf. mises à jour de la plateforme). Cela représente un changement majeur dans la gestion du cycle de vie du véhicule. 

Cette capacité d’enrichissement des fonctionnalités est une réponse très intéressante en termes d’évolutivité au problème de l’érosion de l’expérience utilisateur. Elle apporte par conséquent un gain significatif sur la valeur du véhicule, aussi bien neuve que résiduelle. 

Le Software Defined Vehicle présente donc un intérêt très important pour toute la filière… à condition d’être en mesure de suffisamment bien l’appréhender, en s’affranchissant de nombreuses contraintes, qui sont autant d’obstacles au déploiement rapide et fiable de ces architectures. Tous ces enjeux sont aujourd’hui au cœur d’un nouvel écosystème visant à concevoir ces véhicules de nouvelles générations, Les plus cruciaux à nos yeux sont partagés ci-dessous. 

Assurer un haut niveau de sécurité 

La sûreté de fonctionnement reste une priorité absolue. La comparaison avec un « smartphone sur roues » paraît simple et séduisante, mais omet un élément important associé aux véhicules et aux enjeux de sécurité en temps réel associés à son usage (au-delà du « showroom »). À cela s’ajoute une contrainte supplémentaire liée à la cybersécurité de ces nouvelles plateformes de plus en plus connectées. 

Le traitement de l’ensemble de ces problématiques, associé au respect de normes (ISO26262, 21434), nécessite un niveau de maîtrise des processus et des outils de développement de bout en bout ; depuis la conception   jusqu’à l’intégration et la validation. Le concept de Software Defined Vehicle  induit une meilleure maitrise de la couche logicielle, que cela passe par un volume – potentiellement exponentielle – des validations unitaires et systèmes, ou part de nouveaux outils et processus de développement logiciel plus adaptés. Comme l’actualité l’a mis en lumière récemment, l’effet domino d’un dysfonctionnement à ce niveau peut significativement impacter la sortie d’un nouveau véhicule (exemple de la Volkswagen ID3) et impacter sa rentabilité de manière significative. 

La gestion des données 

Les véhicules modernes embarquent de plus en plus de capteurs. L’ajout de caméras et de radars permettent par exemple d’offrir de nouveaux services au conducteur, mais constitue également une nouvelle source de données. Météo, état des routes et de la circulation, ou comportement du conducteur sont autant d’information potentiellement exploitables. Propriété des constructeurs, cette manne d’information intéresse beaucoup d’acteurs, y compris les GAFAM. La propriété, le stockage et l’exploitation de ces données sont autant d’aspects à considérer d’un point de vue réglementaire (cf. Règlement Général sur la Protection des Données de l’Union Européenne, plus connu sous le nom de « RGPD »), alors que la réglementation applicable n’est ni harmonisée, ni finalisée. Le Software Defined Vehicle, en tant que nouvelle source de données, se retrouve donc au centre d’enjeux allant bien au-delà de la mission première du véhicule.  

La maîtrise technologique 

La notion de Software Defined Vehicle combine deux aspects majeurs : le véhicule ; historiquement le cœur de métier des constructeurs et de ses fournisseurs, et le logiciel ; nouvelle composante de cet écosystème. 

Les métiers historiques de concepteur, dessinateur, metteur au point, pilote de tests se retrouvent confrontés à des systèmes électromécaniques de plus en plus complexes, le nombre nécessaire de certains de ces profils est en décroissance, et nécessite de surcroît une formation régulière pour suivre les évolutions technologiques. Avec parfois une décroissance forte de certains métiers historiques, et un besoin de formation permanent et d’un niveau élevé. Les entreprises historiques se retrouvent confrontés à une double problématique autour des compétences : comment développer un socle de compétences autour du logiciel, former le personnel, transformer les organisations ? 

Devenir une « tech company » devient une nouvelle ambition, voire une obligation pour survivre !  

Alors que les compétences se raréfient, le modèle des grandes entreprises attirent moins et le niveau de compétences nécessaire pour maitriser l’ensemble des logiciels est très élevé, et nécessite de très grandes équipes pour assurer l’ensemble des développements. Les reconversion internes, même si elles sont un vrai plus si elles sont réussies sont trop limitées pour couvrir toutes les compétences critiques. 

La gestion RH et l’adéquation des équipes au besoin devient un enjeu majeur pour assurer une bonne place dans la course à la technologie. 

Les organisations internes 

Les industries de conception et de fabrication de véhicules se sont structurées au fil du temps autour des nouveautés qu’ont apporté chaque époque. L’électronique, introduite dès la fin des années 1970 s’est développée et structurée autour des éléments électromécaniques associés, et a vécu plusieurs sauts technologiques : l’introduction des réseaux VAN, CAN, most, Lean, flexray et maintenant Ethernet ont permis de rationaliser les échanges entre calculateurs, et surtout de créer des interfaces entre les équipes métier. Ainsi, l’ensemble des filières se sont structurées autour de domaines (Groupe moto-propulseur, cockpit, connectivité, chassis…) et les organisations tant chez les constructeurs que chez les équipementiers se sont calquées sur ces domaines. Tant que les fonctionnalisés restent attachées à un domaine unique, les développements peuvent être indépendants, et les validations également. L’introduction de nouvelles fonctions comme le « Stop&Start » ont nécessité une répartition de cette fonction logicielle entre différents domaines, et a ainsi challengé les organisations. La prise en compte de fonctions inter-domaines reste un sujet complexe, et pourtant les possibilités qu’apportent tous les nouveaux capteurs ouvrent un champ énorme de fonctionnalités innovantes inter-domaines, mais trop peu développées car trop complexes à valider dans une architecture actuelle. Le Software Defined Vehicle lève une partie de ces barrières techniques, mais la gestion des responsabilités entre systèmes, les points de synchronisation entre les différentes équipes restent un vrai challenge pour des entreprises traditionnelles. Le « mode agile », le fonctionnement « en mode startup » sont des concepts poussés par les ressources humaines des grands groupes mais les habitudes et les organisations restent encore très présentes et ne facilitent malheureusement pas la transition nécessaire vers ce nouveau monde plus digital, alors que les nouveaux entrants et les « tech companies » fonctionnent déjà dans une forme plus agile et rapide. 

L’Eco-système 

Habitués à travailler ensemble dans un eco-système relativement restreint, les acteurs traditionnels de conception et fabrication de véhicules se retrouvent aujourd’hui à devoir changer leurs modes de fonctionnements. 

Les technologies évoluant très vite, une possibilité est d’intensifier les partenariats « stratégiques », en espérant développer une relation gagnant-gagnant. Ce type de relation, potentiellement efficace à courte échéance ouvre la voie à une forme de dépendance vis-à-vis d’un fournisseur ou d’une solution technique. Face à une défaillance fournisseur ou à une pénurie par exemple, le risque sur la production reste important.  

Ce type de coopération permet malgré tout une accélération commune et donc un meilleur positionnement marché à court terme. Sur du long terme, la relation et le risque de dépendance doit être pris en compte, en particulier vis-à-vis de fournisseurs de logiciels propriétaires. L’utilisation de technologies standards est une solution mais nécessite une implication et une maitrise supérieure, pas toujours accessible malheureusement. Dans cet écosystème, l’ensemble des fournisseurs s’adapte, en développant tout ou partie des infrastructures matérielles et logicielles. L’enjeu porte à la fois sur la partie « operating system » et sur le développement d’applications incluant ou pas une partie matérielle. Le Software Defined Vehicle ouvre la porte à de nouveaux entrants, en particulier sur le développement de fonctions prêtes à être intégrées sur le véhicule. La composition à façon de l’ensemble des fonctions et l’accès à de multiples fournisseurs est un atout majeur de ces nouvelles technologies. Les difficultés actuelles portent notamment sur la gestion économique (achat, principe de licences, abonnements) et sur la reconfiguration de l’ensemble de l’éco-système autour d’interfaces et de standards de communication, permettant de maximiser la réutilisation de composants logiciels. 

L’intégration 

La construction d’un véhicule constitue un assemblage maitrisé d’un ensemble de pièces, basé sur une spécification et une validation méticuleuse de toutes les pièces et de leur interaction. Ce métier historique des constructeurs et des fabricants de sous-ensembles se retrouve bouleversé par l’arrivée du Software Defined Vehicule. L’intégration d’un ensemble de logiciels sur une plateforme matérielle doit suivre la même logique, mais nécessite un champ de compétences nouveau et important. Pourtant, la valeur ajoutée reste la même, et est primordiale pour conserver la valeur. L’enjeu dans la maitrise de ces multiples intégrations est capital, et l’intégration logicielle, nouveau métier est la pierre angulaire dans la captation de valeur. L’introduction de nouvelles technologies, standards, normes tend à rendre ces intégrations encore plus complexes. Le process et les outils associés, encore très disparates et pas toujours utilisés de manière optimales, deviennent également un enjeu dans la performance des entreprises, la maitrise de la complexité, et le savoir-faire à développer. 

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